QUARTIER PICPUS 12ème / BOIS DE VINCENNES – VISITE GUIDEE par HELENE GRANGE (5 JUIN 2016)

Chers amis,

C’est avec plaisir que j’ai renoué avec ce qui était une bonne habitude, à savoir : une marche dans Paris un dimanche matin pour découvrir des petits coins sympas !!
(Rappel : Une marche Est-Ouest, Charenton-Parc Citroen tout jeune, Marche Nord -Sud : les plus vieux arbres de Paris, le 16ème arrondissement, la "nouvelle Athènes" c’est à dire le 9ème ardt, enfin un petit coin méconnu du 20 ème ardt...)
Cette année, j’ai pensé à Picpus : le nom m’amuse, mais les histoires récentes voisines ne m’ont pas du tout amusée...alors j’ai pensé à revisiter cette rue autrement : avec les "potaches" être transportés du 13ème au 20ème siècle !!!
Alors au lieu de raconter cette journée, je vous livre le circuit pour que vous puissiez le faire seul ou avec des amis.
Juste une petite explication : le village de Picpus ou Pique Pusse existe déjà en 1254 , la rue de Picpus traverse le village et son prolongement s’appelle la rue de la Croix Rouge : il y avait une Croix Rouge au carrefour de la rue des Marais (=St Mandé) et la rue de Picpus...Marais, donc, eau, moustique et maraîchage, cultures etc. Vers 1860 la rue de la Croix Rouge sera débaptisée et prolongera la rue de Picpus.

Le rendez vous est à deux pas de la Nation, là où commence la Rue de Picpus, au carrefour de la Rue du Faubourg Saint Antoine et de la rue de Picpus.
Dès le 2, à l’angle se trouve la fondation Eugène Napoléon : ancien pensionnat pour jeunes filles pauvres ou orphelines, prévu pour 60 élèves.
La bonne Eugénie épouse Napoléon III : les parisiens lui offrent un collier de diamants, Eugénie n’en veut pas mais demande de construire ce pensionnat avec l’argent du collier....Architecte HIRTCHOFF (vous lui devez le Cirque d ’Hiver et la Gare du Nord, entre autres !). Eugénie lui donnera le nom de son seul fils : Eugène (vous savez celui qui s’est fait manger par les Zoulous) La ville de Paris va donner une rallonge pour passer de 60 à 300 élèves. A ce jour c’est une grande cité scolaire, héberge les petits chanteurs à la Croix de Bois (les "pauvres" ont dû quitter leur château de l’Oise). Impossible de visiter l’école mais possibilité de voir l’église sur rendez vous (voir notes en fin d’article).
C’était un site campagnard donc nombreuses pensions, maisons de santé, physiques et mentales. Et des couvents beaucoup.

4, rue de Picpus : en 1740 maison de Leonard Bounaud de Tranche Cerf...chirurgien, écuyer et comte du Saint Empire...

En 1780 Mme de Sainte Colombe la transforme en maison de santé où fut envoyé Saint Just en 1786...à 19 ans. Il avait volé les bijoux et l’argenterie de famille. Demeure détruite en 1908

8-10 actuel - Madame de Saint Marcel créa une maison de santé...mentale (ancien numéro 6, immeuble détruit)
De Nerval qui avait eu sa première crise de folie en février 1841 était hospitalisé à Miromesnil, devenu violent, il est transporté dans cette maison où le médecin de Charles X exerçait. Ses amis Flaubert et Dumas faisaient partie de la bande. En mars 1841, Nerval écrit à son père qu’il va mieux.
Il sort le 16 Mars et le 21 du même mois, rechute et est admis à la clinique du Docteur Blanche, Rue Norvins à Montmartre.Cette maison fonctionna jusqu’en 1912.
En 1850 la création du Bd Diderot lui prend une bonne partie de son périmètre...

12 rue de Picpus - Angle 2 rue Dorian et 12 Picpus
Jean Falp, architecte dont pouvez voir plusieurs de ses immeubles, construit un art nouveau, tourelle d’angle, animaux mythiques, tête de femmes à belle chevelure (inspiration Botticelli)
Prendre la rue Dorian, et voir n°4 et 6 impératif !
Revenir rue de Picpus.

Donc au 12, Ninon de Lenclos (1616 -1706) aurait une maison là. Elle tenait un salon rue des Tournelles (Boileau, Mignard, Lully). Un de ses amants Henri de Sevigné l’époux de l’écrivaine se battit dans ce quartier en duel en 1651 avec le chevalier d’Albret pour Mme de Gondran...il mourut de ses blessures...20 ans plus tard, son fils Charles de Sevigné eut une liaison avec la même Ninon.
Plus tard M. Audet de la Mésangère fit de cet immeuble une pension pour jeunes gens.
Puis de 1790 à 1831 c’est ici que se rédigeait le Journal des dames et des modes.
En 1828 Adélaide d’Orléans acheta la maison et le jardin qui allait jusqu’au 77 rue de Reuilly pour y installer l’hospice d’Enghien qui était auparavant rue de Babylone : travaux confiés à Pierre François Fontaine. Cet hospice communiquait par son jardin avec la maison des filles de la Charité (77 rue de Reuilly). Démoli en 1914 ( ou 1905 ) et la rue DORIAN fut percée à ce moment là.

22, angle avec rue Sergent Bauchat il y avait sous la restauration, un hôpital militaire succursale du Val de Grâce, transformé en caserne en 1860. Il fut désaffecté ensuite.

Prendre à gauche avant le carrefour avec St Mandé
Rue Favre d’Eglantine 9 Lobée bâtit en 1896 un style néo gothique, pastiche hotels Henri... et Louis XIII....foliacées, animaux fantastiques, voir le tympa : un alchimiste avec son chat.
Arrivée à la Nation, (ancienne place du Trône) reprendre de suite à droite la rue du Bel Air.

17, rue du Bel Air percée en 1867 ( on y jouait au jeu de paume ). Falp, en 1905 immeuble de rapport art nouveau, collabore avec Georges Ardouin.. inspiration des peintures préraphaélites...visages féminins, chevelures, arabesques + répertoire animalier et végétal. L’encadrement de la porte symbolise l’amour maternel.

Reprendre à droite, l’avenue de St Mandé créée par Mazarin, 1658, en vue de l’embellissement du château de Vincennes - projet de grandes avenues parallèles pour sortir de Paris : cours de Vincennes en 1669 et l’avenue de la ménagerie à Picpus (= avenue St Mandé plus tard). La ménagerie installée par Philippe Auguste en 1211 à la limite orientale du parc de Vincennes. En 1706 elle est transférée à Versailles, à la révolution au Jardin des plantes. Cette avenue St Mandé était une promenade très prisée des parisiens

10 à 14 : avenue St Mandé la maison du Bois ..ou le centre technique du Bois 1952.
2 : Office National des Forêts dans la tour 40 pans de bois visibles au niveau du 1er étage - en dessous, construit en 1976.
Reprendre Picpus à gauche
Bâtiment à côté gauche ( en restauration) juste après cette tour :
En 1830 séminaire des Pères Blancs de Picpus, ils avaient succédé à une maison irlandaise religieuse qui faisait partie du 33 à suivre :

Avant de rentrer au 35 (seulement les après- midi à 14h en semaine, samedi compris : 2 € )
regarder en face, niveau du 42 , une belle station garage. Essayer d’imaginer l’ancien couvent Ste Clotilde qui allait jusqu’au 101 Rue de Reuilly.
et au 46 emplacement en 1845 d’un pensionnat de jeunes filles.

DONC :

au 33-35 rue de Picpus au 17ème siècle 1647, ancien couvent des chanoinesses régulières de St Augustin, dites de Notre Dame de la victoire de Lepante sur les turcs avec obligation de célébrer tous les ans le 7 octobre la victoire par Don Juan d’Autriche 1571 dans le golfe de Lepante.
En 1640, les religieuses originaires de Reims (40 + 10) dans ce site, acceptent une maison donnée par Tuboeuf Superintendant d’Anne d ’Autriche. Confiscation en 1792 et les bâtiments sont donnés en location à Riedain, celui-ci garde un bâtiment et loue en 1792 une partie à Coignard qui va créer une maison de santé avec ce grand jardin.
Plus tard il en fera une filature de toile de coton.

Un jour Riedain voit débarquer pelleteuse avec ouverture sur le Boulevard pour creuser une grande fosse car la guillotine s’installe sur la place de la Nation ( place du trône renversé ) et il faut enterrer très vite les morts en grand nombre.

Réquisition du jardin de Riedain pour en faire une fosse - cimetière avec ouverture d’un grand porche pour faire passer les charrettes. 1306 personnes furent exécutées entre le 14 juin et le 27 juillet 1794..donc en 6/7 semaines. L’histoire ne s’arrête pas là....

Riedain et les voisins signent une pétition pour faire cesser ces inhumations et obtenir la suppression du cimetière. Deux fosses communes continuent de se remplir, jour et nuit. Cela cesse avec la chute de Robespierre. Les terrains sont vendus à des civils. Les familles commencent à chercher les membres de leur famille guillotinés. La princesse de Hohenzollern achète en novembre 1796 le terrain du cimetière car son frère (créateur de l’hôtel de Salm ou la Chancellerie de la Légion d’Honneur) est enterré là.
En 1802 lorsque les familles reviennent d’émigration les familles Montagu, Noailles (épouse Lafayette) + d’autres, lancent une souscription auprès des parents de victimes pour acheter le terrain qui entoure ce cimetière : la société dite de l’Oratoire est créée et se porte acquéreur du couvent en 1803 et ouvre un second cimetière. Les familles enterrent les descendants des guillotinés dans le 2ème cimetière ouvert en 1805 et ainsi l’ancien couvent est reconstitué.

En 1805 des religieuses s’installent, c’est la congrégation perpétuelle du très Saint Sacrement et des Sacrés Coeurs de Jésus et Marie. C’est toujours cette congrégation qui est là. Les bâtiments seront ou détruits ou restaurés, de nouveaux bâtiments sont construits progressivement .
La chapelle sera construite par Froelicher en 1841.
A voir la statue de Notre Dame de la Paix...qui appartint au Duc Henri de Joyeuse qui la déposa en 1608 chez les capucins de la rue St Honoré. Cet institut formait le Clergé.

37 rue de Picpus créé en 1850 dépend de la congrégation précédente.

45, ancien pensionnat des religieuses de la congrégation de la Mère de Dieu. Abrite un conservatoire de musique. Actuellement école primaire. Façade bâtie en 1880.

Tournons dans la rue Santerre : hôpital Rothschild qui ouvre sur le Boulevard de Picpus au 33. James Rothschild a été le premier donateur pour ces fondations. L’un des deux architectes fut déporté à Auschwitz.
L’ hôpital se rapprochait d’une cité de maisons pimpantes et fleuries.

1ère guerre : bombardement sur un pavillon et 2ème guerre, les allemands transforment l’hôpital en caserne (les malades juifs furent déportés). Voir les plaques commémoratives à ce sujet sur le devant le l’hôpital. En 1954 Rothschild fit dont d’ 1 euro symbolique à l’Assistance Publique.

Tourner sur le bd de Picpus et reprendre de suite la rue Dagorno. Celle ci a plusieurs histoires à son actif.
La rue DAGORNO, nom du maraîcher qui possédait en 1791 les jardins compris entre le 23 bd et la rue de Picpus au 61. En 1899 une rue fut percée et bordée de pavillons. En 1914, les allemands bombardent le quartier, au 13 un projectile retrouvé non éclaté !
RETOUR sur la rue de Picpus.

Au 61 se trouvait une des entrées du couvent des pénitents réformés de St François.
En 1588, Robert Richer, ermite de St Augustin s’installe là avec son frère !
Ensuite en 1600 ce devient la propriété des religieux franciscains du tiers ordre réformé : ils étaient auparavant à Franconville.
En 1601 les religieux s’implantent . LOUIS XIII pose la première pierre (déjà) de la chapelle en 1611, et ainsi ils ne vont plus à la petite chapelle de Picpus Notre Dame de Grâce. Puis les Jésuites les remplacèrent.
Le couvent devenu fondation possède de nombreuses œuvres d’art. Grand jardin agrémenté de rocailles. Des appartements sont réservés aux ambassadeurs catholiques qui logeaient là avant l’entrée solennelle dans Paris. Ceci cessa en 1711.

62 couvent du St Cœur de Marie en 1852

65 Eugénie (encore), 1853 inaugure une maison de retraite pour personnes agées, tenue par les Petite Soeurs des Pauvres.

A droite 76 - 78 maison de retraite Rothschild. À l’origine l’hôpital de 50 lits et hospice pour personnes âgées et orphelinat. Puis Bd de Picpus orphelinat pour 200 enfants. En 40 les enfants furent déportés.
Bientôt à droite,
Rue Lamblardie : c’était la fin de la rue de Picpus, au 18ème elle s’appelait ruelle Picque Puce et marquait la limite entre le Faubourg St Antoine et la campagne. Une borne collée à l’angle 30, Lamblardie et 88 Picpus indique "qu’il est formellement interdit de construire au delà de cette borne".
Cette borne fut enlevée.
On peut voir la même borne 304 rue de Charenton.
A la place de cet immeuble, il y eut en 1862 une maison de santé pour affections mentales.

Ensuite je vous propose de descendre dans la promenade plantée où vélos, rollers et piétons cohabitent gentiment sur l’ancienne voie petite ceinture....
Sinon, direction la porte Dorée, son soldat Doré et son Palais doré.
Le palais, vestige de l’expo coloniale de 1931, mérite le détour pour les sculptures et surtout les fresques intérieures du "forum" et des salons. L’entrée est gratuite, seules les expos sont payantes. Le premier dimanche de chaque mois, l’entrée est totalement gratuite. La cafétéria est parfois ouverte et vous pouvez toujours vous reposer sur les coussins moelleux des fauteuils de la terrasse !
Ensuite si le cœur vous en dit, direction le Bois, en face, prendre à droite du débarcadère en longeant le lac jusqu’aux vestiges des bâtiments du Togo et du Cameroun : c’est l’institut Bouddhique. Voir le plus grand Bouddha d’Europe et le temple ou Pagode comme vous voulez.
Le grand pavillon renferme le Bouddha de 9 mètres : c’est le pavillon du Togo de l’expo coloniale de 1931 transformé en pagode en 1976. Il a abrité un moment le musée des industries du bois ce qui explique son toit en pin.
Le temple Tibétain construit en 1985 voué à la forteresse de la Claire Lumière kagyu dzong
Ce sont les vestiges du bâtiment du Cameroun.
Jean Sainteny, ancien gouverneur du Cambodge souhaitait créer un lieu de culte pour les refugiés arrivés à la fin du conflit americo- vietnamien.

TÉLÉPHONES UTILES
Fondation Eugene Napoléon. Visite sur demande (groupe ou petit groupe) de l’église : Tous les jours 9-12-14-17h - PAS LE DIMANCHE - Philippe Bourrellier 01 40 09 53 11
Cimetière de Picpus et Eglise : tous les après-midi à partir de 14h : 2 € - PAS LE DIMANCHE.
Adresse : 35 rue de Picpus - Ouverture : 14h-18h l’été, 14h-16h l’hiver, sauf dim. et jours fériés.
ContactJean-JaquesFaugeron : 01 43 44 18 54.
INSTITUT BOUDHIQUE : visite 01 43 41 02 49 Voir leur site internet avec l’agenda : nous avons profité d’une manifestation culturelle du Népal pour rentrer sur le site et visiter librement.

Article écrit par Hélène GRANGE